Belgique 2010

Le soleil levant sur les plaines picardes, a été témoin de notre éveil alors que, partis aux aurores, nous entrions dans la Belgica romaine où les éoliennes disputent maintenant l'horizon aux beffrois traditionnels, témoins carillonnant, d'un passé historique tumultueux.

Dès la frontière belge passée, les transports de containers nous ont confirmé que nous avions bien pris la direction d'Anvers où la qualité de l'accueil et du repas à l'école hôtelière Stella Maris, nous a mis dans de bonnes dispositions pour partir à la découverte de la ville, indifférents aux petites pluies intermittentes qui ont ponctué l'après-midi.

 

Nous avons eu la fierté d'y croiser la trace de Plantin, illustre tourangeau natif de Saint Avertin, qui développa ici, au XVIème siècle,  une importante imprimerie aux clients aussi prestigieux que Rubens et Mercator.

 

Mais le plus spectaculaire, fut la visite du port, 2ème en Europe, 4ème au monde: GIGANTESQUE !  des kilomètres de bassins, des écluses géantes, des kilomètres carrés de stocks, des millions de containers, des millions de tonnes de produits de toutes natures et de toutes provenances, objets de toutes les attentions pour leur apporter une valeur ajoutée substantielle. Tout simplement IMPRESSIONNANT ! au prix de villages rasés dont il ne reste plus comme témoin solitaire qu'une frêle église ou un moulin à vent désœuvré. Loin de l'image donnée par Marseille, le principal de nos ports autonomes, la Belgique est présente au cœur du business mondial et s'est octroyé un rôle majeur dans sa pénétration sur le sol européen.

 

Une nuit paisible à Sint Niklaas nous ramena au calme de la province et à sa profusion de vélos, avant de plonger au cœur de l'Europe, au sein du Parlement européen, derrière des façades plus lisses que les intentions des militants de Greenpeace, très actifs ce jour là.

 

De longs couloirs en ascenseurs, nous avons imaginé les dédales des lois et du lobbying, tandis que Sophie Auconie , députée de la région Massif central-Centre, intervenait dans l'hémicycle avant de nous consacrer une partie de son temps aussi compté que celui de ses collègues dont Jean Marie Cavada qu'elle nous a présenté au détour d'un couloir avant de partager quelques toasts et de nous expliquer sincèrement son parcours et la nature des activités induites par son mandat, complétant par une touche très personnelle, les informations que nous avait distillées Florence, son assistante parlementaire à Bruxelles (alors que Gaëtan et Timothée le stagiaire, ses collègues, étaient déjà repartis décortiquer les dossiers du moment).

 

Une large visite de Bruxelles nous fit ensuite découvrir l'empreinte importante de Léopold II - le Roi Constructeur -  et la présence des journalistes aux portes du palais, attendant patiemment de savoir comment Albert II allait s'y prendre pour rendre la Belgique aussi inoxydable que l'Atomium et aussi consensuelle que les frites.

 

Après avoir encore davantage remonté le temps avec le passage obligé par la Grand-Place et vérifié quelques pas plus loin que l'incontournable petit bonhomme en bronze continuait de s'exhiber sans pudeur, aucun n'a voulu échapper aux innombrables tentations du commerce local avant de retourner  vers la Flandre, à Bruges, où la soirée nous a permis de prendre la mesure de la diversité du peuple belge.

 

Dès l'aube, le lendemain, dans le calme frais du matin nous avons surpris les premiers frémissements des canaux, le passage fugace d'une béguine sous les marronniers, les premiers rougeoiements des murs de briques se prolongeant en reflets silencieux que les bruyantes activités de la ville fragmenteront bientôt en milliers de facettes fluides, alors que dans un sous sol tout proche, des gestes traditionnels feront naître des facettes lumineuses dans la dureté d'un fragment de diamant capable de rayer le verre pour y signaler notre passage.

 

Le même sens de l'esthétique régalera notre vue avant de régaler nos papilles lorsque nous passerons à la Casserole ! Nous apprécierons ici aussi la motivation, le savoir faire et la qualité des élèves des écoles hôtelières que nous avons fréquentées. Cela tiendrait-il aux principes scolaires d'outre-quiévrain, où dès onze ans ces élèves ont commencé à apprendre le métier qu'ils avaient envie de pratiquer. Notre repas était réalisé par des élèves de 18 ou 19 ans, en " 7 ème année ", année de "spécialisation gastronomie". Aucun ne nous a donné l'impression qu'il pouvait s'avachir dans un couloir de cet établissement, ni qu'il pouvait se trouver au chômage ensuite. Etonnant ! Il y a peut-être un enseignement à en tirer.

 

Il ne manquait qu'une petite cérémonie d'anniversaire improvisée pour terminer ce repas et une petite promenade sympathique en signe (ou pourquoi pas cygne ?) de complétude.

 

Et puis un petit coup de chapeau à nos chauffeurs Jean Claude et Roselyne dont l'image en reflet souligne la présence serviable, attentive et discrète.  

 

Michel Pranal

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